samedi 25 août 2007

A PROPOS DU PEUPLE NGOMBE

Quelque chose à propos du peuple Ngombe
Quête d’une reconstitution de son histoire
Par
Maurice MONDENGO, JR



Si, comme le dit si bien le psalmiste, la crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse[1], nous pensons que la passion de toujours découvrir et de nous expliquer les choses qui nous échappent est le commencement de la connaissance.

Nous avons suivi, avec Meme Dingadie Monger, dans le cadre de son cours sur la Méthodologie de la Théologie de l’Ancien Testament[2], un exposé hautement scientifique qui n’a cessé, jusqu’aujourd’hui, de nous pousser à chercher pour nous- même et en nous- même une certaine connaissance de notre peuple et de son histoire comme peuple.

Rappellerions-nous que notre formateur s’était rendu compte, à travers la lecture des mémoires et des thèses doctorales réalisés dans ce domaine d’une part que le fondement biblique y était souvent mal présenté et d’autre part la conception de l’histoire même d’Israël de nos lauréats était souvent très vague, d’où l’intérêt de son combat. Ce combat est celui d’arriver à mettre ses étudiants en théologie à jour en ce qui concerne la conception de l’histoire d’Israël et de les imprégner de cela tout en les orientant toujours vers la bibliographie adéquate et pourquoi ne pas chercher à comprendre la Bible dans une lecture purement africaine.

Il faut relever ici le souci qui anime Meme Dingadie Monger dans ce séminaire. C’est le besoin pédagogique d’orienter les chercheurs sur les sources et aussi éveiller leur esprit critique aux fins de réfléchir sur ce que doit être l’apport de l’exégèse africaine sur la Bible. Il soutient, et c’est vrai, que l’africain a reçu la Bible par le truchement de l’Occident. Et, ce parcours l’a rapproché plus de l’Occident que de l’Orient. Cela ne peut que donner à l’africain une autre approche et conception des choses par rapport à la Bible. D’où l’impérativité de travailler pour une approche africaine de la Bible[3].

Comme à la suite de Meme Dingadie Monger ou mieux pour le soutenir, F. Eboussi Boulaga, poussé par l’intérêt de cette même problématique, a pu récemment écrire un ouvrage engagé si pas aussi engageant où il invite les africains de tout bord à travailler pour une reprise africaine du christianisme. Pour y parvenir, ce théologien africain propose une méthodologie à cette entreprise. Celle-ci passe par une relecture totale de la Bible pour que celle-ci ne reste pas l’apanage d’une communauté de destins car fruit du déplacement de la religion chrétienne dans la civilisation occidentale[4].

Cette conception de choses nous introduit au cœur de la grande préoccupation de notre formateur. Des théologiens et prédicateurs africains continuent de recourir à la Bible pour la proclamation du message du salut, l’interprétation et les études bibliques quotidiennes, etc. Comment chercher à comprendre et interpréter la Bible tout en négligeant les contours historiques, géographiques, sociologiques et ceux de l’anthropologie culturelle du peuple de la Bible ? Comment former les serviteurs de Dieu à interpréter la Bible au village où il n’y a pas de documentation ? Comment interpréter alors fidèlement la Bible à son propre peuple qu’on connaît très mal ou simplement pas du tout ?

Il convient d’abord de faire quelques remarques pour bien préciser les choses. Notre cours sur la Reconstitution ou la reconstruction de l’histoire d’Israël a tourné autour de trois points essentiels à savoir : comment se pose aujourd’hui la question de la reconstitution de l’histoire d’Israël, quelles en sont les perspectives méthodologiques et enfin, le schéma biblique de l’histoire d’Israël et ses problèmes.

A la fin de cet échange avec le formateur, il nous a paru qu’il était mieux qu’il serait logique pour les théologiens qui chercheraient à connaître le peuple d’Israël de pénétrer l’histoire d’Israël plutôt que l’histoire biblique d’Israël. Dans son cours Meme Dingadier soutient que cette option ne tourne pas le dos à la Bible, au contraire, elle la prend au sérieux en vue de mieux la comprendre. Il est aujourd’hui soutenu par la majorité des témoins crédibles qui pensent qu’il faille seulement écouter ce que dit Israël de son propre passé, identifier les voix discordantes qui se font encore entendre dans le texte, confronter les données de l’Ecriture aux documents extra- biblique et archéologique car telle est la méthode qui permet de se préconiser contre toute tentation séductrice et de maintenir ouverte la problématique. C’est de la problématique de monopole de la vérité sur l’historicité biblique d’Israël qui est soulevée ici.

Il va falloir qu’on mentionne aussi la mise en garde de Israël Finkelstein et Neil A. Silberman qui montre, pour nous combien la Bible seule ne peut pas nous reconstituer l’histoire du peuple d’Israël. Dans leur célèbre ouvrage commun La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie ces deux auteurs semblent soutenir à leur tour Meme Dingadier dans ses positions quand ils écrivent, par ex. par rapport à la quête de patriarches ce qui suit et nous les citons abondamment:

La Bible, il est vrai, livre quantité d’informations chronologiques spécifiques qui devraient permettre, pour commencer, de préciser quand ont vécu les patriarches. Dans le récit biblique, l’histoire des débuts d’Israël se déroule selon les séquences bien ordonnées[…]. Le problème de cette chronologie était qu’elle soulevait de sérieuses questions, dont la moindre n’était pas la fabuleuse longévité d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, qui auraient vécu bien au- delà de cent ans. En outre, les généalogies ultérieures des descendants de Jacob semaient la confusion ; elles étaient même franchement contradictoires[5].

Pour ces deux auteurs, bien que des nombreuses informations chronologiques nous soient fournies par la Bible, cette dernière ne peut nous avancer très loin sans que de façon soudaine nous arrivions à heurter la confusion et les contradictions sur beaucoup des récits.

La citation que nous avons reprise dans les lignes qui précèdent ne relève-t-elle pas les quelques interrogations sur les patriarches et leur triade voire sur les débuts de l’Israël lui-même ? L’histoire est toujours à reconstruire.

Mais de quoi s’agit-il dans ce travail ? Comme à un travail imposé à la fin de notre Séminaire doctoral, il nous a été demandé de lire Léon de Saint Moulin dans son article sur la « Conscience nationale et identités ethniques : contribution à une culture de la paix » paru dans la Revue Congo Afrique, Décembre 1998, et que par rapport à la parenté historique, nous puissions relire les notes de l’histoire d’Israël et dire comment à base de cette relecture, chacun peut faire l’histoire dans le sens de reconstruction. Pour ce qui nous concerne, il nous a été agréable de rentrer en nous-même et tenter de faire, dans le sens de reconstruction, l’histoire du peuple Ngombe qui avec les Doko au nord du Congo, ont une histoire de relations conflictuelles avec les Mongo cependant parlant une langue de la même famille linguistique[6] .

La présente réflexion se veut un essai. Nous nous proposons de chercher à connaître ce peuple, et cela passant- si possible- par ses traditions et coutumes. Nous y emploierons en nous fondant sur les interviews et les écrits des quelques auteurs aux fins de découvrir les traces des éléments qui font la particularité du peuple Ngombe.

Tenant compte de ces indications, notre essai se construira autour de la quiddité de l’histoire du peuple Ngombe qui est la question importante de notre préoccupation.




1. Quiddité de l’histoire du peuple Ngombe

La plupart des auteurs sont unanimes pour reconnaître que l’histoire est la science de la connaissance du passé. En tant que telle, elle s’appuie sur des monuments. Comme le dit Meme Dingadier, elle peut aussi être définie comme une relation d’action d’événements, d’aventures réelles ou inventées dans le but de leur donné un sens. Cette double action de voir les choses donne lieu à l’idée de chercher d’explorer les choses en vue de qualifier les données. C’est là même le sens du terme grec historia qui traduit le sens à donner à la recherche ou l’exploration. Dans cette perspective un événement sera dit histoire. Par contre, si l’histoire est la relation d’action d’événements du passé, son but est de donner un sens au présent qu’importe l’authenticité des faits racontés[7].

On sait que l’historiographie qui est un moyen intellectuel, permet à un groupe ou un peuple de rendre compte de son passé, mieux de son histoire. Ici s’approprie du passé afin de trouver une identité présente. E. Schellebeeck, cité par Meme, fait remarquer sans se tromper que « l’objectivité historique n’est pas la reconstruction du passé, l’impossible répétition des faits, c’est la vérité du passé à la lumière du présent »[8]. Ces « va et viens » permanent entre le passé et le présent amène cette histoire dans la perspective idéologique et voire plurielle. Autrement dit, selon lui le présent, le passé reçoit plusieurs lectures. C’est le sens allemand de Geschicht[9].

Ces deux compréhensions de l’histoire nous intéresse. La compréhension de l’histoire comme une relation d’action d’événements, d’aventures réelles ou inventées dans le but de leur donné, et la compréhension comme celle d’un présent qui est appelé à recevoir plusieurs lectures du passé. C’est avec cela que nous essayons de reconstituer l’histoire du peuple Ngombe. Nous allons, à partir du passé, et de la lecture ses us et coutumes, essayer de l’étudier par rapport à sa présentation comme peuple passant par son aperçu historique, ses caractéristiques anthropologiques, ses origines et son histoire, ses structures politiques sociales et économiques, sa culture, ses croyances et sa religion, ses stéréotypes et faits divers. Car, nous croyons que ce peuple est unique parmi les peuples qui forment cette nation, et qu’ensuite, les éléments de sa particularité constituent essentiellement son identité.

1. A la connaissance du peuple Ngombe

Introduisons ce point par la compréhension de ce qu’est la culture d’un peuple comme nous la propose Guy Rocher. Cet auteur définit la culture d’un peuple comme étant un ensemble lié de manière de penser, de sentir et d’agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière distincte[10].

Fort de cette compréhension de Rocher, nous pouvons affirmer que notre étude s’inscrit dans la perspective de présenter le peuple Ngombe qui constitue une des ethnies congolaises `a part entière. Etant donné que nous avons qu’une connaissance caricaturée et stéréotypée de nous même et de l’autre, cette étude nous invite à notre propre connaissance. C’est un peu comme notre réponse à l’appel millénaire grec qui nous interpelle toujours en ces termes : « Connais-toi toi-même ». Car la (vraie) connaissance de soi et de l’autre, on le sait, est un enrichissement mutuel dans la volonté de vivre ensemble dans l’harmonie entre les peuples qui forment dans l’ensemble une seule et même nation ou qui forment un même peuple avec les autres[11].

2. Présentation du peuple Ngombe

Le peuple Ngombe constitue un groupe ethnique important au sein de la population de la Province de l’Equateur[12] et moins important en nombre dans la Province Orientale. On le trouve disséminé dans plusieurs districts de la République démocratique du Congo : Mongala, Sud-Ubangi et Equateur respectivement dans les territoires de Lisala et de Bongandanga (Mongala), de Libenge (Sud-Ubangi), de Basankusu et de Bolomba (Equateur).

2.1 Bref aperçu historique

Selon les Pères Scheutistes et les Baptistes Britanniques qui ont évangélisé la région de Lisala et de ses environs vers la fin de 1800, mais surtout nous fondant sur les travaux de Léon de Saint Moulin[13], les Ngombe qui occupent aujourd’hui la province de l’Equateur comme ceux de la Province Orientale font partie des premiers bantous qui vivaient en bordure de forets humides et qui s’étaient adaptés au milieu de la savane en s’étendant vers le sud au Cameroun et au Gabon[14]. Ils sont venus du Cameroun lors des grands mouvements de migration bantous partis du Nord vers le Sud du Cameroun suite aux conflits des Chefs ethniques (vers la fin du 17 è siècle)[15].

Ainsi, après avoir fait des très longues marches, des guerres entre ethnies habitant le nord du Congo, ils atteindront le bassin de la Mongala, à Lisala, où ils ont créé un véritable foyer jouant le rôle du lieu de rassemblement pour plusieurs tribus au début de la seconde moitié du 19è siècle[16]. C’est ici qu’on verra les Ngombe se diviser en différents groupes et prenant différentes directions. Les uns descendant plus au Sud de l’Equateur, et prenant la direction de Bongandanga et de Basankusu. Les autres feront irruption dans la Cuvette Centrale vers l’an 1.800 chassant devant eux plusieurs groupes Mongo jusqu’à s’installer à Bolomba où ils ont été obligés de partager les mêmes territoires avec d’autres Mongo.

L’occupation des Ngombe dans la Province de l’Equateur fut un processus de longue durée, ils sont les derniers venus dans ce territoire par rapport aux Ngbandi, Ngbaka, Mongo et surtout les Pygmées qui sont d’ailleurs les premiers occupants de l’ensemble de notre territoire[17]. Malgré leur diversité et malgré la distance qui sépare les différents territoires qu’occupent les Ngombe, ils reconnaissent avoir tous une origine commune et ont tous presque les mêmes coutumes et la culture, et ils gardent la même langue bien entendu avec quelques nuances particulières et souvent sont vus d’un œil toujours un peu hostile par les Mongo.
Il faut dire que les Mongo, dans le passé, avaient toujours eu une opinion sévère si pas hostile sur les Ngombe. C’est ainsi que Honoré Vinck[18] pouvait écrire de manière comparative :
Les Ngombe sont très nombreux. Mais nous ne savons pas qu'ils sont tous un seul peuple, ou si ce n'est qu'un seul nom. Les Ngombe sont dans la région de Bangala au delà de Bakanja, Lisala et Bumba. Certains sont dans la région de la Lulonga et la Lopoli, quelques uns dans l'Ikelemba, d'autres vers le côté de Kisangani. Certains Ngombe habitent la Lomela. C'est à dire certains villages y sont là appelés par ce nom. Les Ngombe qui sont dans la Lomela n'ont pas la même manière et la langue que d'autres Ngombe. Ils ont imité la manière d'autres tribus qui sont près d'eux. Ils parlent les langues de ces tribus. Beaucoup d'entre eux sont des gens de la terre, mais d'autres sont des riverains. Une bonne partie d'eux ont reçu la foi. Les vrais Ngombe ont leurs manières. Ils ne ressemblent pas aux Mongo. Ils sont dangereux et guerriers. Une chose mauvaise dans laquelle ils excellent c'est la pratique magique. Leur langue diffère de la nôtre. Il y a une grande différence. Certains pensent que les Ngombe ne sont pas de vrais bantous, qu'ils sont apparentés aux Ngbandi et Banjande. Les Ngombe se divisent en grand groupe, chacun avec sa manière et sa langue, comme des Ngombe de Lulonga, Buja et beaucoup d'autres[19].

2. 2 Caractéristiques anthropologiques et sociologiques

Les Ngombe ont une taille normale, mais on peut trouver ceux qui sont élancés et ceux de petite taille. Ils sont des faciès ovales avec teint claire ou sombre. Les tatouages et les scarifications ne sont pas vraiment de leur apanage, peut être on peut en trouver comme signe distinctif de la chefferie coutumière.

Avec les peuplades apparentées et voisines, les Ngombe ont toujours entretenus des relations de domination, ils se voient comme les plus civilisés parmi d’autres peuples de l’Equateur. Leur relation avec le pouvoir colonial n’était pas très bonne de ce fait non développée car quelque peu problématique[20]. Le vrai problème était celui du goût à l’insoumission. Pour bien de cas, on peut dire qu’en ce peuple résidait toujours un esprit de résistance surtout quand il trouvait que faire les travaux manuels de champs, de ménage. Pour les colons étaient réservés pour les peuplades apparentées et non pour eux. Comme le pouvoir colonial était aussi lié aux lucres, ses relations avec le peuple Ngombe étaient difficiles à cause de l’insoumission. Dans bien de cas, le pouvoir colonial se voyait obligé de faire venir les Ngbandi, les Ngbaka voire les Mbunza pour travailler dans les plantations de Caoutchouc, de palmier, de café, etc[21].

2.3 Structures politiques et sociales

Les Ngombe qui occupent près des 2/5 de la population de la Province de l’Equateur, depuis les migrations, sont un peuple qui accorde une grande valeur au chef coutumier appelé Kumu. Celui-ci avait un pouvoir absolu, héréditaire et sacré car il était considéré comme un intermédiaire entre les vivants et les morts. En d’autre terme, le Kumu ou le chef coutumier savait prévoir les dangers ou les malheurs qui guettaient la société pour le bien être de sa population. Il incarnait même la sorcellerie dite « protectrice » du village. Le Kumu de fois jouait le rôle du griot et du guérisseur traditionnel avec le pouvoir d’esprits ancestraux. Il était le plus souvent consulté pour deviner la destiné du peuple avant de poser une quelconque action d’intérêt commun. Les grands chefs guerriers[22] les plus connus qui ont donné de noms à leurs descendances sont : Ndjano, Melo, Simba, Libenge et Kuluki. Ainsi on parle de Boso Ndjano, Boso Melo, Boso Simba pour ne prendre que ceux- là. C’est ici qu’il peut y avoir rapprochement à ce que pense Léon de Saint Moulin sur les noms ethniques quand il écrit :
Les noms ethniques ont des provenances extrêmement variables. Il y a ainsi beaucoup de Bena, c'est-à-dire de "gens de", ou de Bakwa, c'est-à-dire de "gens de chez", auxquelles correspondent diverses expressions dans d'autres langues pour désigner des populations par référence à un nom de chef ou de lieu. Ces dénominations sont parfois anciennes, mais il s'en est créé à toutes les époques et il s'en crée encore[23].

La société Ngombe est très hiérarchisée, elle est divisée en classes sociales bien respectables. Parmi ces classes, nous pouvons citer[24] :

La classe des aînés de la famille : communément appelé les « Somi » qui sont des héritiers. La priorité leur était accordée, malheureusement les filles aînées n’avaient pas les mêmes privilèges que les garçons aînés.

La classe des gardiens de coutume appelée aussi les Kumu qui sont aussi choisis uniquement selon certains critères coutumiers. Dans cette classe, l’âge n’est pas une condition essentielle.

La classe des neveux appelés Noko avait un pouvoir d’action non négligeable ; ils étaient considérés comme les maudisseurs de la famille du côté maternel seulement au cas où leur demande n’avait pas trouvé de satisfaction.

Dans la tradition Ngombe les Noko sont très exigeants. Ici aussi, l’âge n’est pas non plus une condition essentielle. La société Ngombe est solidaire dans le bonheur comme dans le malheur qui frappe la famille.

Dans la société Ngombe, bien que les femmes soient honorées et consultées, respectées et souvent appelé Mama ou Nange o bana, elles n’ont pas vraiment la parole parmi les hommes. Les personnes âgées sont très respectées. Les enfants sont toujours l’incarnation de la continuité du village. Les Ngombe accorde une grande importance à la famille élargie mais chaque parent a autorité sur ses enfants. La succession se fait de père en fille ou de père en fils selon que celle ou celui-ci est l’aîné de la famille[25].

2.4 Structures économiques

L’économie des Ngombe est basée sur l’agriculture, la pêche et la chasse. Parmi ces trois activités, le travail de la terre est resté un élément essentiel de leur vie et ce travail est souvent exécuté en commun. Cela s’explique par le fait que les Ngombe sont toujours un peuple solidaire, animé par l’esprit de l’unité qui est rendu par le slogan « Iso Ngombe » (Nous les Ngombe). La pêche, l’élevage, la chasse sont des activités secondaires. Le commerce et l’échange étaient basés sur le tronc avant l’arrivée de la monnaie.

2.5 Culture du peuple

(1). Langue et groupe linguistique

Bien que tous parlent « Lingombe », on y trouve les groupes linguistiques qui ont quelques particularités prosodiques et encore l’accentuation du substrat maternel qui les différencient. C’est ainsi qu’on y trouve : les Yumba, les Mosweya,les Doko et les Mbenja. Selon qu’ils se trouvent de l’autre rive du fleuve Congo ou encore plus proche du peuple Mongo. Il faut dire qu’ici, le Lingombe a subi certainement le brassage linguistique au fil du temps de vivre ensemble avec d’autres peuplades[26].

(2). Traits culturels - Identité culturelle - Mode de vie

Le régime alimentaire des Ngombe se caractérise par une prédominance des féculents. Parmi ceux-ci, le manioc occupe une place de choix. Sa forme la plus utilisée est la chikwangue. Les autres formes de consommation de manioc sont le Fufu (farine de manioc), le ntuka (manioc moulu et bouilli) et le Malemba. La banane Plantin, l’igname, le riz également sont consommés mais très occasionnellement. La consommation de la viande d’élevage est très réduite. La viande de bœuf n’est presque pas consommée dans les milieux ruraux. Seules les viandes de porc, de chèvre et la volaille sont de temps en temps incorporées dans la ration, surtout lors des fêtes ou d’autres événements spéciaux. Les principales sources de protéines d’origine animale sont constituées par les produits de chasse, de pêche et par les chenilles et les insectes. La consommation presque quotidienne de légumes se limite au pondu (feuille de manioc).

La consommation des produits de pêche et de la chasse est très élevée. ( C’est le cas de poissons, gibier, tortue, crocodile, serpent, etc). Les Ngombe sont des consommateurs potentiels de l’alcool[27]. Il faut reconnaître que dans les temps, les hommes, les femmes et surtout les enfants se promenaient à moitié nu. Ils portaient du raphia dans la partie inférieure comme pour cacher le sexe et la partie supérieure restait tout nue. De ce fait, les seins des femmes se livraient au spectacle des yeux.

On trouve rarement la sculpture chez les Ngombe. Les maisons étaient construites en argile, en bois et en paille mais c’était des grandes maisons pour des grandes familles. C’est avec l’arrivée de l’homme blanc qu’on a commencé à construire des maisons en briques cuites.

(3). Quelques illustrations de Musique traditionnelle

Les Ngombe ont une identité culturelle spécifique à eux en ce sens que, la musique et la danse sont étroitement liées à leur vécu quotidien. Dans leur culture, chaque musique est significative et est liée à leur vécu quotidien. Nous relèverons ici les quelques types de musiques et danses traditionnelles qui ont marqué l’histoire et la culture de ce peuple. Ainsi, on peut retenir :

Le Ikpeti : c’est un genre de musique sacré ayant pour objet soit la commémoration du gardien de coutumes disparu, soit pour faire honneur à une personne de grande valeur, un dignitaire de la vie. Il faut signaler que cette musique est obligatoirement accompagnée d’un sacrifice qui, dans le passé, consistait à égorger publiquement un esclave. Actuellement, c’est-à-dire de nos jours, ce sacrifice est remplacé par la chèvre.

Le Manku : C’est un genre de musique de réjouissance pour se souvenir d’un bien fait qui arrive dans la famille. Elle est chantée uniquement par les femmes.

Le Isango : C’est un genre de musique chantée lors de la cérémonie de fin d’une période d’initiation dont on intronisait seulement les jeunes filles considérées comme petites reines honorées et interdites de tous travaux.

Le Bwaé : C’est un genre de musique traditionnelle qui est chantée pour célébrer le jour de la sortie en publique de la jeune fille qui venait de mettre au monde pour la première fois après avoir passée un moment de reconstitution dans la maison.

Le Mosingo : C’est une musique purement coutumière chantée par les hommes appelés « nganga » dans le but de chasser le malheur parmi le peuple en invoquant l’esprit des ancêtres pour apporter le bonheur dans le village.

Notons qu’après avoir travaillé toute la journée, pour se divertir, les Ngombe au village se réunissaient souvent le soir autour du feu tout en chantant et en exécutant des pas de danse. Le sport s’il existait était le propre des hommes. Ils jouaient à la lance au javelot, à la course aux pirogues et à la lutte tandis que les jeunes femmes ne pouvaient que jouer à la rivière chantaient et tapant l’eau et faisant résonner même les sons de tambour ou tam-tam. .

(4). Quelques fabrications traditionnelles

L’art de fabriquer des pirogues[28], propre aux Ngombe, a été mis à profit par les riverains dans la circulation fluviale comme moyen de communication le plus prisé. Plus tard au Nord, les pirogues Kundo et Ngombe seront utilisées par les Ngwe, les Odiyo et les Songo pour le développement des activités commerciales d’Ubangi au 17 è Siècle[29]. Les Ngombe sont des fabricants des instruments traditionnels et folkloriques de musique. On y trouve le Mbonda (Tam-tam), le Ndundu (Tambour), le Mongungu (Lokolé), le Mopaté ou Mondulé (Corne d’antilope), le Mokembe (le gong), le Ngombi (Sansza). Ce peuple est aussi forgeron, depuis toujours, il utilise le cuivre pour fabriquer ses armes de chasse tels que : le Ngbange autrement appelé Mosuki ou Ikongo sont les différentes sortes de lance. Il fabriquait également d’autres armes traditionnelles de chasse comme le Likpangola ou Ngwa (Machette).

Notons toutefois que tous les Ngwa que ce peuple fabriquait n’avaient pas la même utilisation ou la même considération. Il y avait ceux qui étaient considérés comme simple machette qu’on utilisait aussi pendant la chasse mais aussi d’autres qui avaient la forme d’une épée droite ou courbée gardée dans la housse fabriquée à base de la peau d’un animal féroce, carnivore et souvent portée au tronc. C’est ce qui marquait la bravoure de l’homme. Cette épée on ne la sortait pas n’importe comment, ni n’importe quand. Une fois on la sortait ça ne devait pas rentrer dans la housse sans avoir bu du sang. C’est ainsi que même si un homme était en colère ou s’il était combattu par quelqu’un d’autre, il était strictement interdit de sortir son épée pour se défendre avec, car la sortie de l’épée était synonyme du sang à faire verser. Si on a pas réussi à blesser son adversaire, on doit se blesser soi-même sinon on est rangé au rang des femmes. Une autre catégorie des Ngwa était celle qui était fabriquée en cuivre pour servir aux éléments de la dot.

(5). De l’éducation à la vie

La transmission du savoir se faisait selon qu’il s’agit d’une fille ou d’un garçon. C’est comme pour dire que le critère sexuel était le fondement à l’éducation à la vie. Les jeunes hommes étaient initiés à la vie par les vieux sages du village qui de fois les internaient au camp à l’intérieur de la forêt pour l’initiation à la vie. Et là, ils apprenaient tout ce qu’un homme doit savoir pour la vie en tant que homme et aussi continuité et sauvegarde de la ligné. Pour ce qui est des jeunes filles, elles étaient aussi regroupées par des femmes âgées et expérimentées du village. Retranchées dans la forêt, elles étaient initiées à la vie des femmes et des mères.

Il faut dire que chez les Ngombe, comme cela peut aussi être le cas dans d’autres tribus, ce sont les parents qui arrangeaient toujours le mariage de leurs enfants. En ce qui concerne la dot, rarement on versait de l’argent. Car plus souvent, il y avait un certain nombre des biens et d’instruments traditionnels qu’on devrait présenter à la belle famille. Et très souvent, il appartenait aux beaux-frères de s’en servir de la dot pour leurs futurs mariages. A titre illustratif, disons qu’on donnait souvent, entre autres, des pirogues, des lances, des machettes en cuivre, et le fusil. Mais quand il y avait divorce, la famille de la femme se trouvait toujours dans l’obligation de restituer tous les biens reçus lors du versement de la dot à la famille de l’homme. Il est important de souligner que le mariage ne se faisait que entre les familles de villages qui entretenaient de bons rapports entre eux. On ne se mariait jamais quand on était du même village. C’est pour ne pas commettre l’inceste.

(6). De funérailles

Les Ngombe respectent les morts et croient à la vie après la mort. Pendant le deuil, ils passaient toujours la nuit à la belle étoile. Ils chantaient et dansaient les nuits et travaillaient la journée pour nourrir celles et ceux qui venaient les consoler. Le deuil d’un homme ordinaire dure généralement sept jours et celui d’un Kumu dure 40 jours. Celui-ci jadis était souvent enterré avec un esclave qu’on égorgeait ou qu’on enterrait vivant pour aller servir le Chef. Une femme qui perdait son mari ou un homme qui perdait son épouse ne se lavait pas pendant tout le temps que prenait le deuil. On les rasait tous les cheveux et les poils. Seulement à chaque fois que la femme devait se déplacer, elle devait être accompagnée d’un membre de sa belle famille après avoir payé une rançon. Il faut dire que la mort d’un jeune homme ou d’une jeune femme engageait toujours de palabres. Car il n’y avait pas de mort sans cause au village des Ngombe. On devait toujours se réunir et en parler pour éviter que des situations pareilles se reproduisent. Cependant, la mort d’un bébé ne gardait jamais trop le village en deuil. Car les Ngombe croyaient toujours que cet enfant pouvait vite revenir au village.

(7) . Quelques proverbes, contes et fables

Beaucoup des proverbes, fables ou contes et dictons animent l’âme de ce peuple en vue de son éducation. Il faut dire que les Ngombe, comme d’autres bantous, sont porteur d'une riche tradition d'art oral, qui naturellement trouve une partie de son inspiration dans la faune et la flore environnantes. Ici nous allons en citer que quelques- uns qui souvent constituaient le gros de l’école de la vie pour les enfants autour du feu le soir à belle lune. Nous avons retenu quelques 12 fables anonymes dont nombreuses nous les empruntons de la sélection de Honoré Vinck[30].


1. Le corbeau persévérant[31]
Une année, il y avait une très grande saison sèche. Tous les ruisseaux étaient desséchés. Un certain corbeau avait une soif terrible et il n'avait pas trouvé de l'eau dans des ruisseaux et aux étangs. Il avait seulement trouvé une bouteille avec de l'eau, mais l'eau n'y était qu'en petite quantité, et la bouteille n'avait qu'un très petit goulot.Le corbeau cherchait de faire pénétrer son bec et sa tête dans la bouteille, il n'y réussit pas. Et il s'envolait, il cherchait de petites pierres, et il les laissait tomber dans la bouteille. Lentement l'eau monte dans la bouteille. Après cela l'eau arrivait à la bonne hauteur et la bouteille était remplie. Le corbeau se réjouissait, il buvait de l'eau comme son cœur lui en disait et il a pu bien apaiser sa soif. Si ce corbeau n'avait pas essayé, s'il avait dit: je n'arriverai pas à l'eau, je ne le pourrai pas, il serait déjà mort de soif. Mais comme il travaillait avec persévérance, il trouvait un chemin.
Enseignons à nos enfants que la persévérance est une vertu.
2. La tortue et l'antilope naine[32]
Il avait la tortue et l'antilope naine qui discutaient. La tortue dit: "moi je te surpasse en vitesse". L'antilope naine riait: "Toi orgueilleuse; moi j'ai de longues pattes; toi tu as de petites pattes courtes". Et elle se moquait beaucoup d'elle. La tortue dit: "Essayons, courons nous deux, et puis voyons qui arrivera la première". Et l'antilope naine accepta. Et elles étaient parties. L'antilope naine pensait dans son cœur "Cette tortue qui ne sait pas marcher, je vais d'abord un peu manger. Cette laide tortue si elle s'approche, je courrai, et tous les gens s'étonneront de ma vitesse. Mais la tortue rassembla ses sœurs et demanda leur concours pour gagner ensemble. Au jour de la course, la tortue commença à marcher lentement, elle ne s'arrêtait pas en route, elle marchait avec persévérance, sans arrêt car à chaque coin il y avait une de ses soeurs. Au moment où l’antilope naine s'approchait de l'endroit convenu, courant sans arrêt, la tortue était déjà là et c'était elle qui arrivait la première. Et l'antilope naine mourut de honte aux yeux de tous les gens.
Enseignons à nos enfants qu’il est bon de se méfier des duels avec celles et ceux qui sont unis et défendant la même cause. Car on ne combat pas ceux qui sont unis.


3. La fable de Baluka[33]
Il y avait une femme: elle était mariée; cette femme s'appelle Baluka. Elle s'enfuyait; elle était partie vers son village à cause de la maltraitance. Mais la forêt qui se trouvait entre le village de son mari et son village à elle était très grande et dangereusement. Baluka avait une petite fille, elle la transportait dans une écharpe. Elle partit le soir en grande colère. Quand elle arriva au milieu de la forêt, le soleil se couchait déjà et la nuit remplissait la forêt. Elle dit: "je ne peux pas me promener la nuit, je me couche avec mon enfant dans la forêt, et je continuerai demain très tôt ". Il y avait dans cette forêt un groupe de bandits qui poursuivaient les gens. Cette femme était entrée dans une maison abandonné des chasseurs. Il faisait obscur. Encore baluka s'assied avec l'enfant; elle voit un homme entrer dans la maison. L'homme ne savait pas qu'il y avait quelqu'un. Cet homme s'assit. Il prit l'allume feu de son sac, il frotte. Baluka était trop triste et eût peur. Le regret au cœur elle dit: "je n'ai pas voulu rester chez mon mari, qu'est-ce que j'ai fait? Elle se dit : « au moment où il prendra l'allume feu, s'il s'enflamme, je vais fuir". Baluka regarda sur l'étagère; elle vu qu’un morceau d'arbre à laquelle on bat les bananes était là. Baluka se dit: "au moins que je le prenne et que je le frappe sur la tête, ou c’est lui qui me tuera avec l’enfant". Prenant courage, elle prit le morceau de l'arbre de bananes et frappa cet homme sur la tête! L'homme croyant qu'il y avait beaucoup de gens, s'enfuit, laissa l'arc et flèches et l'allume feu tomba. A cause de ce coup à la tête, et l’hémorragie, il s'évanoui et mourut. Baluka quitta cette maison, elle alla au village cette nuit même. Elle arriva. La famille la demanda: "Y a-t-il quelque chose?" Elle dit: "Oui, je me suis battu avec mon mari ainsi je suis fâché et puis je suis revenue, je voulais dormir dans la forêt, et un bandit voulait me tuer. Mais cet homme ne m'avait pas aperçu. Moi je l'ai frappé avec un morceau de bois avec lequel on bat de bananes au cou et il a couru, et je ne sais là où il est mort. Mais cet homme tuait beaucoup de gens". La famille s'étonna et dit: "Cet homme tuait beaucoup des gens et toi tu as risqué la mort". Ils se couchèrent. Le matin le père de Baluka battit le gong, appela tous les gens. Ils arrivèrent avec des arcs, ils appelèrent Baluka qu'elle leur parle et montre cet endroit. Ils partirent et regardèrent, cet homme traîné par terre, il était mort. Et Baluka retourna au village de son mari.
Enseignons à nos enfants qu’une femme, si elle est brave, peut aussi sauver tout un village des hommes robustes.



4. La fable de l'infirme[34]
Dans un village de beaucoup de gens, il y avait un infirme qu’on ne considérait pas trop. Et ils entendirent la nouvelle d'une bataille dans ce village. Et l'infirme dit: "Vous tous les gens allez vous cacher au cimetière, moi l'infirme je reste". Et il resta. Et puis l'armée sort et cherche des gens, rien; et puis se promène un peu, ils trouvent l'infirme assis et les gens de la bataille disent: "Infirme, montre-nous tous les gens". Et puis il dit: "Moi je ne connais que des gens qui sont allés au cimetière". Et les gens disent: "Nous n'allons pas au cimetière, les gens qui sont au cimetière sont morts". Et l'infirme dit: "Moi, je ne connais pas d'autres gens, je connais que ceux-là" et puis l'armée dit: "Non, nous ne savons pas; montre-nous là où ils sont allés". Et ils lui mirent la sève du Bokungu[35]. Et puis l'infirme dit: "Vous allez me mettre le Bokungu et je n'ai pas caché des gens; je dis que je ne sais pas des gens qui ont pris fuite, je ne connais pas des gens qui sont allés au cimetière, cela ne fait rien! Mettez-le-moi". Ils le mirent. Et l'œil ne creva pas, et ces gens disent: "L'infirme n'a pas menti, il ne connaît que des gens qui sont au cimetière". Et ils disent: "Infirme regarde, nous partons au cimetière et tu restes, tu n'es pas menteur; tu es l'infirme, tu ne connais que ceux qui sont au cimetière". L'armée partit, les gens qui avaient fuit arrivèrent. Et l'infirme leur dit comment cela s'était passé avec l'armée. Et ces gens honorèrent l'infirme, et ils étaient contents et ils apprirent à le respecter.
Enseignons à nos enfants que out le monde est important au village même les impotents.
5. L’ arbre à palabre et l’herbe naine[36]
Un certain Bokungu, l'arbre à palabre et Lolenlenge, l'herbe naine se trouvaient dans un même endroit. Lolenlenge commença de causer avec le Bokungu. Mais le Bokungu se moqua d'elle: dit: "Toi, un laid machin faible, moi je suis un arbre fort, comment veux-tu causer avec moi? Quand le vent souffle, tu bouges, et moi je me tiens droit avec force; je ne m'incline pas". Lolenlenge dit: "Tu me rabaisses puisque je bouge avec le vent? Je bouge avec intelligence". Et puis Bokungu ria: "Tu n'a pas de force: même dans le vent violent, moi je me tiens debout!". Quant il parlait, un grand vent souffla; Lolenlenge s'inclina, Bokungu se tint debout. Mais le trifouiller devient fort, une branche était arrachée! Le trifouiller ne s'arrêta pas. Des racines de Bokungu commencèrent à bouger. Et peu de temps après, sa force s'épuisa et puis le Bokungu tomba! Lolenlenge dit: "Vois-tu! Ton orgueil te fait tomber. Si tu t'inclinais comme moi, tu serais debout même maintenant. Qui s'incline vivra.
Enseignons à nos enfants que les têtus et les orgueilleux tomberont.
6. Isohele et le chimpanzé[37]
Un homme nommé Isohele allait dans la forêt, tua des singes. Et quand il tua un certain Ngila qui s'accroupit à un arbre, le singe resta accroché à l'embranchement des branches. Isohele prit une corde pour grimper sur l'arbre. Et quand il monta la corde n'était pas assez forte et elle s'est cassée, et Isohele ne pouvait ni monter ni descendre. Restant suspendu sur l'arbre, il pleura et lança des cris. Un chimpanzé vint de passer, il entendit des cris d'Isohele. Il regarda, voit qu'un homme est suspendu sur un arbre. Le chimpanzé lui demanda: "Pourquoi tu pleures?" Il dit: "La corde que j'avais s'est coupée, je ne sais ni monter ni descendre". Et le chimpanzé l'aida, il décrocha le singe des branches, il descendu Isohele. Isohele le remercia, ils se sont fait leurs adieux; Isohele dit: "Je te donnerai des femmes". Le chimpanzé ne veut pas et dit: "Je ne veux pas des femmes". Isohele dit: "Je te donnerai de l'argent". Il dit: "Rien, conserve tes biens, une autre fois nous aurons le temps de finir cette affaire". Ils se séparèrent. Beaucoup de jours passèrent, tous les gens de la rue qu'habitait Isohele se réunirent pour abattre les arbres pour tuer des singes. Ils allèrent. Ils commencèrent à couper des arbres, chacun son arbre. Mais les chimpanzés y étaient nombreux. Isohele coupe son arbre, il chante: "Chimpanzé monte sur l'arbre bosala, tu vas au village". Les chimpanzés entendirent la chanson, ils allèrent vers Isohele. Tous les gens voient comment les chimpanzés prennent fuite: ils crièrent à Isohele, "ne vois-tu pas comment les chimpanzés prennent fuite sur ton arbre?" Il répondit: "Que puis-je faire? Cet arbre est trop fort pour le couper". Et les chimpanzés s'enfuirent, ils survécurent. Depuis ce temps là on chante une fable: aide celui qui t'avait aidé, comme Isohele et le chimpanzé. Enseignons à nos enfants qu’un bien fait n’est jamais perdu.

7. Le poussin qui refusa d’écouter[38]

Une certaine poule mère avait douze poussins. Elle circulait avec ses poussins, cherchant des insectes. Elle montrait aux poussins toute la terre qui est près de leur étable. Ils marchaient dans toutes les allées de leur cour. Ils passaient dans les herbes et les bananerais. Tous restaient près de leur mère; ou l'un d'eux poursuivait un insecte pour l'attraper, mais tout de suite retournait vers la mère, il ne s'égarait pas. Mais un certain poussin ne voulait pas de la sorte. Il était un vagabond et turbulent, il ne restait pas tranquille. Leur terre ne le suffisait pas. Il désirait faire des promenades, pour découvrir d'autres terres. Quand la mère l'interdisait, il désobéissait. Un jour, la mère poursuivait un insecte avec ses poussins. Ce poussin turbulent fuyait de leur bande et disait: "Ma mère me hait, elle ne me donne pas la liberté pour que je fasse comme je veux; je quitte ce lieu difficile, je pars ailleurs où je veux être moi-même". Et il partait. La mère n'avait pas vu son départ. Il augmentait la vitesse, arrivait loin. Il a vu beaucoup de gens et toutes sortes de choses, il circulait de tout côté. Un certain moment il avait faim. Il cherchait des insectes, mais il était incapable de les attraper comme auparavant, comme la mère les attrapait pour lui. Il marchait encore avec faim. La nuit tombait et il cherchait une place pour dormir aux herbes sur un arbre. La nuit, il tremblait de froid; il n'avait pas quelqu'un qui pouvait le couvrir comme sa mère le couvrait sous ses ailes. Une grande pluie tombait, tous ses duvets étaient mouillés. Il commençait à trembloter. Il fit matin, il se tenait debout avec une grande inquiétude, quand il fut de cette manière, il pensait: "Je croyais que ma mère ne m'aimait pas, voilà pourquoi j'avais fui, que faire? Je n'ai pas quelqu'un qui peut m'aider dans ces difficultés. J'ai quitté mon village, croyant que d'autres terres surpassent la mienne mais je n'ai rencontré que des souffrances. Si j'avais écouté les conseils de ma mère je ne pouvais souffrir ainsi". Parlant ainsi, il avait une vue terrible: l'épervier descend, l'attrapa et le mangea.

Apprenons à nos enfants à écouter leurs parents. Ils ne cherchent que le bien de leurs enfants.

8. Le palmier et le raphia[39]

Un jour le palmier et le raphia se discutèrent. Le raphia dit: "Toi, le palmier, tu n'as pas d'importance, moi je te surpasse en beaucoup". Le palmier dit: "C'est toi qui n'as pas d'importance". Le raphia dit: "Mes applications sont nombreuses, je donne aux gens des habits, ils tuent des bêtes avec mes fibres, ils prennent mes éclats pour fabriquer des lits, je les donne des fibres pour fabriquer des balais avec lesquels ils balayent ". Le palmier dit: "Tu n'as que quatre choses: les miennes sont plus nombreuses". Et ils se disputèrent.Ils se disent: "Appelons les gens qu'ils nous jugent". Et le chimpanzé arriva. Ils firent leurs exposés. Le raphia explique son affaire. Le palmier dit la sienne, il cita: l'huile, le cœur du palmier, des larves, des fruits de palme, des palmes, du sel d'efflorescence mâles, des éclats, des claies, des flèches, des fibres de fruit de palme, des torches, des paniers tressés en simple feuilles de palme, des boissons. Le chimpanzé donna raison au palmier.Le raphia n'accepta pas la manière selon laquelle le chimpanzé trancha la discussion. Il se fâcha. Il dit: "Qui t'a nommé juge? Faux juge, c'est ça l'intelligence par laquelle tu tranches les affaires? Pourtant tu donnes raison au palmier, tu me condamnes. Parce que tu ne veux pas mes bonnes choses, tu vas rendre mes fibres qui sont chez toi".Le chimpanzé n'a pas eu de réplique. Le voici qu'il enlève son habit et le donne au raphia. Il fut couvert de grande honte de sa nudité et il s'en fuit dans la forêt, s'y cacha pour toujours comme tout animal. Mais il avait eu le courage de dire la vérité quoi qu’il lui coûta.
Apprenons à nos enfants à aimer dire la vérité. Peu importe ce que cela nous coûte.

9. Le fagot de bâtons[40]

Un homme avait six garçons. Mais ces garçons ne s'aimaient pas. Les discussions et querelles étaient nombreuses chez eux. Le père les réprimandait beaucoup, les conseillait maintes fois. Un jour, ils discutèrent encore, le père les appela, leur imposa silence. Il prit six bâtons, il les lia en fagot, il dit: "Ecoutez, je veux connaître le plus fort parmi vous". L'aîné essaya le premier, il voulut briser le fagot sur son genou; il ne réussit pas. Le second essaya, ça ne va pas. Tous les puînés essayèrent mais avec le même résultat, aucune personne ne brisa le fagot. Ils disent à leur père: "Père, nous n'y pouvons rien". Et puis le père dit: "Remettez-moi le fagot, que j'essaie moi-même". Et puis ils le lui donnèrent. Il délia le fagot, et commença à briser les bâtons un à un. Les enfants étaient mécontents. Ils disent: "Si c'était un à un nous le pouvons nous aussi". Le père leur répondit: "L'avez-vous vu ? Le fagot entier ne se laisse pas briser, cependant un à un les bâtons se brisent facilement. Vous êtes six enfants d'un même père. Si vos restez séparés, vous serez faibles, et d'autres personnes peuvent vous tuer facilement. Mais si vous restez unis, si vous ne vous séparez plus par vos discussions et querelles, aucune personne peut vous vaincre.
Enseignons à nos enfants qu’il est important de vivre unis dans une famille.

10. L'antilope mpambi et les hommes[41]

Un homme avait deux femmes, l'une favorite et l'autre négligée. La femme négligée avait un enfant, et son mari ne l'aimait pas; il ne la donnait même pas la plus petite chose.Un jour la femme eut un grand envie d'aliments carnés. Elle ramassa un panier à poisson et son enfant. Là-dessus elle arriva à un étang où elle vit des poissons qui sautent. Elle déposa son panier à poisson et dit: "Qui tiendra cet enfant pour moi?". Soudain, elle vit un animal au nom de l'antilope mpambi. Elle dit: "Donne-moi, cet enfant que je le berce pour toi". La femme eut peur car c'était un animal. L'antilope mpambi: "Je ne ferai pas de mal à ton enfant". La femme lui donna l'enfant et elle le berça pour lui. La femme dressa un barrage dans l'étang, elle écopa, elle attrapa beaucoup de poisson. Elle en donna à l'antilope et l'antilope refusant le présent lui donna son enfant dans sa bonté.La femme alla au village avec une grande joie et elle prépara des poissons et des bananes et mangea avec son enfant. Le poisson fini, la femme retourna encore et parla comme auparavant. La femme termina, et donna à l'antilope le poisson mais elle n'en voulut pas. La femme s'en alla. En ce moment l'antilope la poursuivit pour qu'elle écoute ce que la femme dira au village. Elle se cacha au pied d'un pieu de la façade extérieure. Là-dessus la femme appela son mari en secret, elle dit: " Veux-tu que je te dise quelque chose?" Le mari dit: "Dis, j'écoute". La femme lui dit: "Regarde, au moment où je vais à la pêche, c'est un animal qui berce souvent pour moi l'enfant. Ecoute, si pars demain, tu me suivras avec des flèches pour que tu te caches là où j'écope l'étang, et afin que tu touches l'animal ". Le mari se mit d'accord avec sa femme. Mais tout ce que la femme racontait, l'antilope l'entendit clairement. Le jour pointe, et cette femme ramassa le panier à poisson et l'enfant et le mari le suivirent avec ses flèches. En ce moment le mari se cacha dans un enchevêtrement près de l'étang. La femme dit: "Qui me tiendra cet enfant?" L'antilope sortit. Elle le tient pour elle comme auparavant. L'antilope entonna la chanson: "Qui se trompe c'est la femme, mais moi l'antilope, je ne me trompe pas". Elle chanta trois fois. La femme dressa un barrage dans l'étang. Elle veut écoper, le mari attacha la flèche puis il tira. L'antilope la vit par la pointe extérieure de l'œil. Le mari fit partir la flèche vers la bête; mais la flèche partit directement à l'antilope. L'antilope mit l'enfant à sa direction, et la flèche toucha l'enfant et l'enfant mourut. La femme dit: "Tu as tué mon enfant à cause de ta haine". Le mari dit: "Moi, je vais à la recherche de l'enfant". L'homme trouvait un vieillard en route assis dans sa petite mauvaise maison. Le vieillard dit: "Monsieur, viens, regarde, je te connais, tu cherches l'enfant de ta femme que tu as tué, viens me soigner, pour que tu me fasses vivre avec de beaux objets dans la maison et je t'aiderai". L'homme fit ainsi. Le vieillard dit: "Regarde, vas, pars ici au pied de l'arbre Bokungu pour que tu trouves ton enfant; il t'appellera avec joie, et il fuira et tu le poursuivras, afin que tu l'arrêtes. Puis tu jetteras des flèches en direction de ses amis pour qu'ils fuient". L'homme vint et fit comme le vieillard lui disait. Et arrêta son enfant, il l'amena au village et annonça la bienvenue et il donna à la femme son enfant. La femme alla au village, et alla déserter le mari pour d'autres hommes. Et la femme eut une affaire et l'on apporta au premier. Il la condamna et l'amena à mort; et puis on tua la femme. Mais la femme cherchait avant tout que son mari l'aime; mais après le mari la détesta et la persécuta encore.

Enseignons à nos enfants la loyauté jusqu’à la fin de leurs jours sur la terre.

11. La tortue, le léopard et le chimpanzé[42]

La tortue prenait une personne chez le léopard; elle en prit une autre chez le chimpanzé. Le léopard vint chez la tortue, dit: "Tortue, tu avais pris ma personne depuis longtemps; pourquoi tu ne me le ramène pas?" La tortue dit: "Regarde, moi je m'en vais à l'assemblée, et si tu trouves le chimpanzé assis, c'est ta personne, et tu l'arrêtes". La tortue partit, elle rencontra le chimpanzé. Le chimpanzé dit: "Tortue, où vas-tu?" La tortue dit: "je vais à l'assemblée". Le chimpanzé dit: "Donne-moi la personne que tu avais prise". La tortue dit: "Vas, si tu trouves le léopard assis, c'est ta personne". Le chimpanzé partit. Il trouve le léopard assis, il dit: "Voici ma personne, je l'arrête". Le léopard saisit le chimpanzé; le chimpanzé le projette. Le chimpanzé saisit le léopard; le léopard le projette. L'un donna un coup de griffes à l'ami. L'autre brisa les côtes de l'ami par un coup de main. Et les gens disent: "Cessez de vous battre. Appelez la tortue". Ils appelèrent la tortue. Toutes les tortues sortirent, elles vinrent. Ils demandèrent une tortue. Cette tortue dit: "Moi je ne sais pas. Suis-je responsable pour toutes les tortues? Spécifie la tortue que tu as vue. Le chimpanzé et le léopard ne connaissent pas la tortue avec laquelle ils avaient l'affaire: elles sont toutes semblables.
Enseignons à nos enfants la prudence et la sagesse dans les affaires.

12. La tortue qui se tua.

La tortue était toujours comme l’animal la plus sage de tous les animaux. Mais personne ne pouvait s’imaginer que cet animal avait un problème qui l’attristait nuit et jour jusqu’au matin où il se décida de se confier à son meilleur ami l’aigle. « Aigle, lui lance-t-il, j’ai un problème. J’ai beaucoup voyagé, dans les pays eaux, dans les pays foret denses et humides, les jours comme les nuits. J’ai appris beaucoup de choses. Mais voilà qu’il me manque quelque chose : Je n’ai jamais eu la chance de voler dans les airs. Et les oiseaux se moquent de moi, les arbres et leurs feuilles vertes aussi. Aidez-moi, si je suis vraiment votre ami, meilleur ami. Trouvez une solution pour moi. ». L’aigle fut très embarrassé par cette demande. Il rentra chez lui et trois jours après il lui revint avec une proposition. Il dit : « Mon ami, j’ai beaucoup réfléchi sur ta demande et j’ai une proposition. Ce que tu demande est facile à une seule condition : Il va falloir que tu acceptes et observe rigoureusement la condition ». Laquelle ? demanda la tortue. L’aigle lui répondit : « Je veux venir avec mon frère, et nous allons tous deux vous transporter dans les airs. Mais vous comme vous ne pouvez vous tenir, vous allez simplement, avec votre bouche et vos dents tenir ferme la corde que nous aurons dans nos pattes. Vous serez au milieu et nous allons faire l’affaire. Tout le monde vous verra et s’étonnera. Mais attention. Même si les gens, les arbres et les oiseaux vous voient et s’étonnent, même si ils voudront se rassurer que c’est vous, mon ami, il ne faut pas parler. Car si vous oser parler votre bouche lâchera la corde et vous tomberez et votre chute occasionnera votre propre mort ». La tortue accepta d’observer la condition. Le rendez-vous était pris. Trois avant le jour « j », la tortue a fait beaucoup de bruit sur l’événement sans trop vouloir préciser. A tous, il disait simplement qu’il réservait une surprise de la nouvelle lune. Le jour convenu arriva. L’aigle était là avec son frère et la corde. Ils répétèrent la consigne à la tortue et la prirent dans les airs. Les arbres, les animaux et les oiseaux étaient très surpris et se demandaient si c’était vraiment la tortue. Les uns disaient que c’était bien la tortue, les autres doutaient. Il y a eu de grands débats. Mais la tortue lui était dans les airs. Il eut beau se retenir pour ne pas parler et couper court les discussions…mais son cœur battait. Est-ce lui ? Est-ce lui ? se demandaient les gens. Les aigles ne cessaient de lui rappeler de ne rien dire. Plus on le lui rappelait, plus le doute allait grandissime sur la terre. Finalement à la grande surprise de ces deux amis la tortue lançait : « Oui, c’est bien moi la tortue. ». Il tomba. Sa chute était grande et s’écrasa sur un tronc d’arbre. Tout arriva comme l’aigle le lui avait prévenu. Elle se tua à cause de son orgueil.
Chacun a ses limites, alors soyons humble de nous contenter de ce que nous avons et pouvons faire. On ne peut pas tout faire ni tout avoir. Enseignons à nos enfants qu’il est bon de se méfier de l’orgueil. Car il est la source de beaucoup de nos malheurs.

(8). Quelques dictons

- Mbongo osu te o mbi (notre éléphant et non le mien)

Il s’agit d’un vaillant chasseur qui, malheureusement, était égoïste. Un jour, il chassa un éléphant qui tomba dans un trou. Etant donné qu’il était gros, il avait besoin des autres pour l’aider à le faire sortir du trou. En le tirant, ils chantaient tous en chœur « c’est notre éléphant, notre affaire ». Mais chaque fois que cette venaison arrivait près de la sortie du trou, le chasseur criait plus fort que les autres en précisant que « c’est mon éléphant » ! C’est alors qu’on le laissa seul avec son éléphant et afin de compte il pourrit dans son trou.

Leçon à tirer : Les choses marchent bien dans la société quand nous disons que c’est notre responsabilité à nous tous.

- Monoko mo momobange so (La bouche d’une vieille personne est d’une mauvaise odeur mais pleine de sagesse) Leçon à tirer : près des vieilles personnes on a toujours quelque chose à apprendre si on est humble.

- Monganji motombeano : la solidarité appelle la solidarité.

- Edi boso ediboso eweze mobengi nja. Traduction : On trouvera cela devant…on va l’avoir là devant a fait passer dormir le voyageur affamé. Leçon à tirer. Il faut savoir saisir les opportunités car on ne sait jamais.

- Dua alona eleho, a laloa. Traduction : A force de refuser les conseils, le fleuve n’est pas resté droit. Contexte : Ce proverbe se dit souvent d’un enfant qui ne veut pas écouter pas les conseils de ses parents.

- Kato kato akwa na moboso, mongongo a pea etape. Traduction : Un homme intelligent se trompe une fois. Contexte : On dit ce proverbe à quelqu’un qui a expérimenté un échec dans un domaine de la vie mais ne devient toujours pas sage.

2.6 Croyances et religion

Les Ngombe sont foncièrement croyants. Ils croient à l’existence d’un Dieu voire un Dieu trinitaire. Il y a d’abord :

1. Akongo Libanja : Le Dieu Suprême, c’est lui le créateur de toute chose visible et invisible, il est le tout puissant, c’est lui qui décide sur les humains.

2. Abanga, il est la deuxième personne de Dieu. Pour le Ngombe, il est le bienfaiteur ; le Dieu qui est en dessous d’Akongo. C’est lui qui est l’intermédiaire entre le Dieu tout puissant et les humains. Il fait tout pour le bonheur des hommes et les femmes de la communauté Ngombe. Il est à l’origine de tout bien fait.

3. Asuka. C’est la troisième personne à Dieu. Il est également l’intermédiaire entre le Dieu tout puissant et le peuple. C’est lui qui jette les mauvais sorts pour punir les hommes et femmes qui ont dérangé l’ordre de choses dans la société. Il faut dire que chaque fois qu’un parent ou une personne âgée prononçait une formule de malédiction sur quelqu’un, c’est entre les mains d’Asuka que la personne était livrée. Tandis que quand on prononçait la bénédiction sur quelqu’un, c’est entre les mains d’Abanga qu’on le confie son sort.

Entre la religion et le pouvoir coutumier, il existait bel et bien une relation profonde d’action et réaction. Le pouvoir coutumier reconnaissait la souveraineté d’Akongo sur les esprits des ancêtres qui établissaient leur pouvoir sur le peuple. En dehors d’Akongo, il n’y avait pas d’autres dieux et même les sorciers croyaient en lui et lui étaient soumis même s’ils se plaisaient dans leur sort.

2.6.1 Tabou

Dans la coutume Ngombe, l’inceste est prohibé et condamnable ainsi que l’infidélité de la femme. On ne se marie pas entre frères et sœurs ; on ne touche pas à sa femme pendant ses règles, avant d’aller à la chasse ; on ne voit pas la nudité de sa belle-mère ni de son beau-père. Il faut dire que c’est pourquoi, quand on va se baigner à la rivière, il est exigé dans la culture de ce peuple de s’annoncer en criant ou en chantant de loin par exemple.

2.6.2 Totems

· Le léopard symbolise la royauté, c’est pourquoi souvent la housse a épée est faite en peau de léopard. Il représente la force du village. C’est ainsi que seuls les hommes peuvent manger la viande du léopard tué.
· L’hibou : est un oiseau totem parce que son existence est liée à la sorcellerie.

2.7 Stéréotypes et faits divers : Imaginologie

2.7.1 Quelques stéréotypes

On dit des Ngombe qu’ils savent être sauvages, de fois brutes dans leurs réactions, colériques et soulardes. Ils ne ressemblent pas par ex. aux Mongo. Ils sont dangereux et guerriers. Ils excellent dans la pratique de fétiches de guerre. Leur langue diffère des beaucoup de peuples de l’Equateur. Certains pensent que les Ngombe ne sont pas de vrais bantous, qu'ils sont apparentés aux Ngbandi et Banjande. Ils sont souvent insoumis à la dictature de mauvais chef.

Fait divers

- Un chef guerrier garde dans sa maison un crâne de son ennemi qu’il utilise pour prendre de l’eau, cela symbolise que c’est un véritable guerrier.

- Les exploits comme les échecs, les bonnes œuvres comme les mauvaises
Actions font toujours l’objet de chants populaires dans la culture Ngombe. L’histoire chanté d’un certain Mondondo qui avait couché avec sa propre fille en est une illustration éloquente jusqu’à ces jours.

- Les sorciers dits Zebola faisaient la ronde populaire du village très tôt le matin une fois le mois en chantant, en dansant et en invoquant des mauvais esprits pour initier une personne ou un groupe des personnes qui acceptent d’adhérer dans leur groupe. A leur passage, il était strictement interdit aux villageois d’assister à ce spectacle par peur d’être emportés par les esprits maléfiques contre leur gré.


De tout ce qui précède, nous pouvons affirmer, comme pour boucler ce point, que le peuple Ngombe est un peuple qui a bien gardé sa culture, ses rites, ses chants, ses contes, ses proverbes, ses énigmes, ses héros, ses croyances, ses tabous et ses totems. Nous ne parlons ici de celles et ceux qui sont dans le choc qui n’ont subi trop subi le choc des cultures[43]. Mais quelle doit être notre appréciation personnelle dans la quête de la reconstitution de cette histoire ?

3. Appréciation personnelle de la question.

Dans les pages qui précèdent dans cette étude, nous venons de rassembler les informations qui présentent le peuple Ngombe et ses quelques articulations anthropologiques, sociologiques et culturelles. C’est ainsi que nous pouvons, maintenant, avec un background un peu plus contrôlé, nous avancer vers la conclusion de notre propos. Mais pour que nos affirmations s’offrent à une plus large discussion sur le travail de la reconstitution d’une histoire - car beaucoup de faits et gestes sont encore à recoller - il nous serait avantageux de nous imposer un travail de rapprochement au cours suivi, Séminaire de la théologie de l’Ancien Testament. C’est comme pour répondre à la question de savoir si l’histoire que nous avons tenté de rassembler peut-elle vraiment être soutenue si pas comme une histoire reconstituée mais au moins comme celle en voie de reconstitution ?

Nous optons non pour une histoire reconstituée mais celle en voie de reconstitution. Car l’histoire du peuple Ngombe telle que nous l’avons rendu , en quête de reconstitution, présente un nombre important d’ impasses aussi criantes.

Il faut dire que ces impasses sont aussi difficiles à surmonter d’après notre point de vue. Nous pouvons en relever quelques- unes. Nous le ferons tout en nous laissant éclairer par l’orientation que nous offre notre cours de théologie de l’Ancien testament qui lui était centré sur l’histoire d’Israël.




MEME Dingadie et le schéma biblique de l’histoire d’Israël

On peut s’en souvenir que dans la dernière partie de son cours , Meme Dingadie présente le schéma biblique de l’histoire d’Israël et ses problèmes[44]. C’est ici qu’il relève de nombreux hiatus qui montrent aussi la faiblesse de notre démarche. Quand nous parlons de faiblesses, nous faisons allusion aux limites de notre étude. Et sur ce, nous en relevons 9 impasses ou hiatus.

Hiatus par rapport à la date du commencement de l’histoire d’Israël vue par la Bible. Avec la royauté davidique ou avec la période patriarcale ? Mais comment aussi commencer cette histoire avec David qui reçoit le royaume de Saul le benjamite alors que celui n’a pas régné sur Juda ?[45] Acceptons qu’il y a ici un point de départ capable de donner clairement le repère pour le commencement de l’histoire. Par contre, il faut avouer que notre essai reste muet sur ce qui est du commencement de l’histoire du peuple Ngombe. Aucune période n’indique clairement le commencement de l’histoire de ce peuple, ni à partir de quelle époque cela a pu avoir lieu.


Hiatus par rapport à la précision de la notion de l’age d’or qui est caractéristique de toutes les époques et de toutes les cultures antiques. Il est vrai que toutes les cultures ont estimé qu’il fut un moment que l’homme a vécu en harmonie avec toutes les divinités et la nature. C’est ce qu’on rappelle la vie paradisiaque. Il fallait une cause extérieure pour rompre l’harmonie et causer le malheur. L’âge d’or est ainsi une catégorie herméneutique qui idéalise le passé pour expliquer les contradictions du présent. Qu’est-ce qui s’était réellement passé et qui nous échappe ?[46] Il faut dire que cette question que Meme Dingadie Monger soulève demeure aussi valable pour la reconstitution de l’histoire du peuple Ngombe. Qu’est-ce qui s’était réellement passé avec ce peuple et a causé réellement ses mouvements migratoires vers la 18è siècle ? Hiatus. Peut-on tracer la chronologie de l’existence de ce peuple ? A partir de quoi et de quel ancêtre commun ?

S’il existe quand même le fameux schéma problématique de 40 ans par génération dicté nombre des récits dans l’histoire d’Israël où on compte 40 ans au désert, 40 jours que passé Moïse au Sinaï, 40 jours de deuil de Moise, 40 ans de paix après le règne de chaque juge pendant la pendant la période d’avant les rois, 40 ans de règne de David et pour Salomon voire 40 x 12 = 480 ans entre l’exode et la dédicace du Temple par Salomon, mêmement entre ce temple de Salomon et le retour de l’exil… pour tenter de refléter la vérité historique ou l’organisation idéologique d’un peuple[47]…Hiatus. Mais nous relevons l’existence d’une similitude avec les Ngombe à un degré. C’est par rapport au Deuil de chef, Kumu qui dure 40 jours.

La direction divine des affaires humaines est l’affaire de Dieu dans l’histoire d’Israël[48]. Quand Israël croit que c’est Dieu qui fait tout derrière l’homme, le peuple Ngombe fait autant même si lui croit au Dieu en trois personnes : Akongo Libanja, Abanga, Asuka. Est-ce l’influence du Christianisme pour que même le pouvoir coutumier reconnaisse la souveraineté d’Akongo sur les esprits des ancêtres qui établissent leur pouvoir sur le peuple ? Est- ce l’influence du Christianisme qui a fait qu’ en dehors d’Akongo, il n’y avait pas d’autres dieux chez les Ngombe et que même les sorciers croient en lui et lui soient soumis même s’ils se plaisaient dans leur sort ? Hiatus. Que de questions sans réponses. Et Meme Dingadie Monger peut bien soulever ses questions comme celles : Est-ce nécessaire de faire intervenir Dieu pour expliquer certains phénomènes sociologiques, anthropologiques et même historiques ? Dieu en tant qu’immanent n’est-il pas acteur caché, omniprésent de toutes les actions humaines ? Ce style d’être le montre de l’histoire universelle qu’il a mise en place lui-même ?[49]

La descendance généalogique comme table de répartition des nations (Gn 1-11 ) et le problème des races ![50]On sait que dans la quête de la reconstitution de l’histoire d’Israël la question de la descendance généalogique occupe une place capitale. Bien des vétérotestamentaires sont unanimes pour ne pas affirmer d’emblée car difficile à démontrer dire que les 12 tribus d’Israël sont comme descendants d’un ancêtre commun, Jacob. Car les données anthropologiques révèlent que la formation d’un peuple est une matière très complexe que la seule descendance biologique ne peut tout expliquer. Ils s’appuient sur le fameux seul peuple trouvé dans Genèse 34, 16,22,24 qui parlent des cananéens et des israélites. Que suppose le mariage mixte dans Juges 3,15 à 16. Mais la grande question : Est-ce qu’un homme peut donner naissance à 12 tribus différents aux totems différents ? C’est quoi alors la tribu ? Pourquoi Ismaël cesserait-il d’être Fils d’Abraham et pourtant de son héritage[51]. Ici il y a une impasse par rapport à la question de descendance généalogique.

Avouons que cette difficulté de la descendance généalogique est aussi ancrée dans la tentative de la reconstitution de l’histoire du peuple Ngombe. Qui peut facilement expliquer sans contredits la filiation des enfants des grands chefs guerriers Ngombe, en l’occurrence les Ndjano, Melo, Simba, Libenge et Kuluki n’ont pas seulement donné leurs noms à leurs descendants( Boso Ndjano, Boso Melo, Boso Simba, Boso Kuluki, Boso Kuma, Boso Gbete, Boso Ngoy, Boso Ngomu…) mais aussi ont légué leurs noms à de nombreux quartiers et avenues dans des grandes villes de la République Démocratique du Congo ? La question est difficile à répondre.

L’intérêt commun des auteurs qui parlent de ce peuple dans ses us et coutumes est-il poussé par le fait de l’existence évidente des Ngombe et qu’il faille le justifier ? On ne sait. Mais il est vrai que ce peuple existe et a un patrimoine commun et se sent uni et retrouvé dans sa langue et sa culture partout où il se trouve dans le monde.

Les pistes de reconstruction de l’histoire des Ngombe plus que les difficultés de celle de l’histoire d’Israël rencontrent d’énormes impasses. Peut-on parler d’un seul patriarche connu dans le début de l’histoire de ce peuple qui elle-même ne sait se situer ? Mais on peut ne pas être d’accord avec nous que l’itinéraire de la migration de ce peuple était quand même sous le commandement d’un chef guerrier qui parti de Cameroun comme l’affirme Léon de Saint Moulin poursuivant la route des caravanes pour rejoindre la région de la cuvette centrale. Toutefois cette histoire contrairement à celle des patriarches Jacob et Israël, ne contient pas des matériaux tangibles.

Si l’origine des Ngombe de l’Equateur peut se situer à partir de Cameroun, le débat sur la vraie origine devra remonter même au temps d’avant la migration qui peut être comparée à l’Exode d’Israël. Or si on connaît où était Israël d’avant l’Egypte, celui de l’esclavage en Egypte et enfin celui qui est sorti et a traversé la mer rouge à pied sec… on sait toujours pas dire où était les Ngombe bien longtemps avant la migration et pendant la migration. Y a-t-il dualité d’origine ? Hiatus. Existe-il d’autres versions narratives de l’histoire du peuple Ngombe capables de restituer l’histoire, l’anthropologie, la sociologie, la culture des Ngombe et nous mener vers une reconstitution de l’histoire d’un peuple qui se réclame de cette tribu ? On ne sait. Faisons un commentaire sur les impasses.

Notre compréhension des impasses relevées

Avec Meme Dingadie Monger voire avec certains auteurs comme Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman, nous avons vu que le peuple d’Israël qui se cherche encore dans la reconstitution de son histoire a des écrits qui s’affrontent et se confrontent. C’est pour que jaillisse la lumière de sa vraie histoire qui ne doit pas seulement l’être bibliquement. Mais le peuple Ngombe en a pas encore assez. Nous sommes là en face d’un besoin essentiel. Car chaque peuple, en principe, devrait toujours écrire et réécrire son histoire en vue de rechercher sans cesse son unité physiologique de peuple et demeuré en quête permanente de ses traces identitaires pour ne laisser son histoire entre les mains des autres.

Comparativement au cas avec Israël en Egypte, il nous est aussi impossible de fixer dans cet essai une date précise de l’implantation des Ngombe au Congo, ceci pour la simple raison que les textes d’avant la colonisation belge n’en portent pas d’informations certaines même pendant la colonisation qui a eu lieu après l’arrivée de Ngombe de Cameroun. Les sources écrites voire orales sont un handicap important pour l’historien et pour tout chercheur. On est souvent réduit aux hypothèses.

Quelque soient les hypothèses, la présence des Ngombe dans la région de la cuvette centrale du Congo ne s’est faite constater qu’il y a quelques deux siècles et demi. Peut être que cette descente du peuple de la tribu Ngombe se justifiait sociologiquement comme le fit le cas avec les frères de Joseph en Egypte : la recherche de la nourriture dans un pays d’accueil. Cependant, quelques questions nous hantent. Quand est-ce que le peuple Ngombe avait quitté sa minorité sociologique en quête de terre d’accueil pour se faire un peuple autochtone à part entière au Congo? Comment a-t-il procédé ? Est-ce que ce passage d’un peuple étranger, guerrier et nomade à celui d’un peuple sédentaire se réclamant de terres, peut être butin de multiple guerres ou simplement fruit de l’hospitalité légendaire de premiers venus sur le sol congolais peut-il recevoir une interprétation théologique c’est-à-dire comme étant l’œuvre de Dieu ou ne rester qu’une œuvre de bravoure humaine ? Hiatus. Ces questions resteront encore pendantes pour longtemps. Il nous faut conclure.

4. Conclusion

La présente réflexion se voulait un travail d’appréciation personnelle de ce que peut être la quiddité de l’histoire du peuple Ngombe. C’était aux fins d’une meilleure intelligence, de ce qu’avait été notre compréhension du contenu du Séminaire doctoral du département de la Théologie de l’Ancien Testament qu’avait animé le Professeur Meme Dingadie Monger au cursus du Diplôme d’Etudes Approfondies. Nous nous sommes proposé de suivre, dans les interviews et écrits des quelques rares auteurs, les traces qui expliquent l’histoire, l’anthropologie et la sociologie des Ngombe dans leur vécu historique et voire dans leurs us et coutumes comme peuple aujourd’hui comme l’élément structural central et convergent dans l’univers Ngombe en République Démocratique du Congo.

Nous avons écrit cet essai dans le souci d’étudier le peuple Ngombe par rapport à d’autres peuples, en l’occurrence celui d’Israël qui au moins a les matériels pour reconstituer son histoire bien qu’il se pose toujours de sérieuses difficultés si l’on veut être orthodoxe dans la démarche. La Bible dévoilée de Israel Finkelstein et Neil Asher Silberman en plus du cours de Meme Dingadie Monger en est une preuve à conviction. Car, nous croyons, toujours, que l’histoire est d’abord le lieu de départ de la curiosité, ou, mieux de la lecture de faits exigeant la réflexion si l’on veut expliquer le présent, et qu’ensuite, elle nous accompagne essentiellement dans l’observation, l’identification, la conceptualisation de faits sociaux et phénomènes qui se répètent dans la vie des peuples.

Il nous faut effectivement conclure. Nous venons de parler de quelque chose à propos du peuple Ngombe. Nous avions voulu nous interroger sur ce sujet en rapport avec les voies tracées par le cours de la théologie de l’Ancien Testament. Le souci qui nous animait était celui de savoir si ce peuple, eu égard à son placement sociologique et culturel parmi les bantous de l’Equateur, ne pouvait-il pas, vu son unicité et le tableau de ses indications culturelles susciter de l’intérêt en vue de sa bonne connaissance par d’autres peuples ? Nous avons travaillé autour de cette motivation en nous appuyant sur les informations qui nous expliquaient la vie, les origines migratoires, l’occupation et la culture des Ngombe.

La (tentative de) reconstitution de l’histoire du peuple Ngombe a été faite dans les lignes qui précèdent. Mais avouons que vivant à Kinshasa, qui est un lieu d’échange entre diverses cultures, il ne nous a pas été aussi facile de réaliser ce travail de quête d’une reconstitution de l’histoire du peuple Ngombe sous un angle purement non subjectif car nous-mêmes étant victime de choc de cultures. Mais à la fois grâce à cette étude, et surtout grâce au Séminaire sur la théologie de l’Ancien Testament, nous avons été choqué de ce que nous ignorions nous même notre propre peuple et avons été poussé d’élargir notre connaissance sur les Ngombe de l’Equateur à travers des ouvrages lus et des multiples entretiens eus avec les quelques personnages interviewés membres de cette ethnie.

On le sait pertinemment bien que la Bible ne parle pas d’emblée de notre peuple de cet essai. D’ailleurs cette Bible qui retrace aussi difficilement l’histoire même d’Israël est très très antérieure à l’histoire de notre peuple. Mais si un jour, nous Africains avions écrit notre « bible » pour proclamer les hauts-faits de Dieu sur l’Afrique, mais beaucoup plus sur celle dite noire, et évoquer les conquêtes des noirs comme celles d’Israël en exode vers le Canaan, évoquer l’érection des royaumes et des empires qu’avaient bâti nos grands rois noirs Africains, régnant sur les peuples mais se laissant eux-mêmes sous l’autorité d’un Dieu tout puissant et plus puissant que les sorciers de leurs villages, royaumes ou empires…que les Ngombe l’ont appelé Akongo Libanja ne serait-il pas toujours Dieu ? Quand Israël quittait l’Egypte nos peuples n’existaient-ils pas encore ? Loin de là. Ils existaient et bâtissaient aussi les nations. Mais faute de l’écriture nous n’en disposons pas grand-chose d’eux ni de leurs histoires, notre propre histoire. Si Mobutu a bâti aussi en quelque sorte le Congo, et s’il est né et a grandi parmi les Ngombe pendant les années de sa formation caractérielle, a-t-il été influencé par la passion de la sauvegarde de l’unité qui anime l’âme des Ngombe ?

Laissons cet essai à la critique et à la polémique pour que chacun y apporte sa pierre dans le travail de la reconstitution de l’histoire des peuples.

NOTES
[1] Ps 111, 10.
[2] Nous faisons ici allusion au cours conçu et dispensé par le Professeur MEME Dingadie Monger. Il s’agit de son cours sur la Reconstitution de l’histoire d’Israël.
[3] Cfr. MEME Dingadie Monger, Cours déjà cité.
[4] Lire F. EBOUSSI BOULAGA dans son Christianisme sans fétiche un ouvrage de 230 pages où il explose dans une analyse très critique et intrépide de l’entreprise missionnaire sur le continent noir laquelle entreprise n’a pas libérée la Bible mais a fait que tous les systèmes de pensées, toutes les cultures rencontrées sur place, mieux tout l’univers africain soit carrément moqué, banalisé, bouleversé et détruit au profit du seul et de l’imposant langage de la conformité. Nous résumons les notes de lecture paru sous le titre Relire la Sainte Bible dans Le Journal
Trihebdomadaire d’Informations générales, paraissant à Kinshasa, Troisième année numéro 231 du 29 septembre au 02 octobre 2006.
[5] I. FINKELSTEIN et N.A. SILBERMAN., La Bible dévoilée. Les nouvelles révélations de l’archéologie. Traduit de l’anglais ( Etats-Unis) par P. GHIRARDI, Paris, Bayard, 2002, p. 49.
[6] Nous faisons allusion ici au travaux imposant de L. de SAINT MOULIN, spécialement son article nous recommandé sur « Conscience nationale et identités ethniques. Contribution à une culture de la paix » in Congo Afrique, de décembre 1998.


[7] Cfr. MEME Dingadie Monger., La reconstitution de l’histoire d’Israël, Séminaire doctoral, DEA, UPC, 2005.
[8] Ibid.
[9] Ibid.
[10] GUY ROCHER, Introduction à la sociologie générale 1. Action sociale, Paris, HMA, 1968, p. 11.
[11] Cf. Maurice MONDENGO Iyoka. Nous faisons ici allusion à une de nos précédentes études faites en avril 2005 sur « La fracture sociale et la question de la paix réelle. Problèmes de la société congolaise post-électorale ».( A paraître dans la RCTP ). Il sied d’indiquer que si les ethnies et les peuples qui habitent la République Démocratique du Congo sont nombreux et, avec la cartographie de ses frontières (artificielles), ces peuples partagent les mêmes langues pour nous communiquer avec les autres et mêmes peuples bien que se retrouvant dans d’autres pays. C’est ainsi qu’on peut voir les Tchokwe, les Lunda, les Ndembo du Congo partager la langue et la culture Kongo avec ceux d’Angola ; le Bemba, les Kahonde, les Ndembo, les Tchokwe du Congo communiquer avec la Zambie ; les Nande, et les Hema du Congo avec ceux de l’Ouganda ; les Ngbandi, les Ngbaka du Congo avec ceux de la République Centrafricaine ; les Teke – humbu, les Bangala, les Kongo et les Nunu avec ceux du Congo- Brazzaville ; les Arur du Congo avec ceux du Soudan ; les Kibembe et les Kibuari du Congo avec ceux de la Tanzanie ; les Swahili du Congo avec ceux de la Tanzanie, du Kenya, du Ruanda, et du Burundi ; les Mongo et les Ngombe avec ceux du Cameroun.

[12] Rappelons que la Province de l’Equateur qui est située entre 5° de latitude Nord et 2° de latitude Sud et entre 16° et 25° de longitude de l’Est est une des grandes entités de la République Démocratique du Congo. Elle est bornée au Nord et au Nord-Ouest par la République Centre- africaine, à l’Est par la Province Orientale, au Sud par la Province du Kasaï Occidentale, au Sud-Ouest par la Province de Bandundu et à l’Ouest par la République du Congo. Elle est administrativement subdivisé en cinq districts, trois villes, vingt-quatre territoires, sept communes et quatre-vingt neuf secteurs. Sa superficie totale est, selon l’Institut géographique du Congo de 403.292 Km² soit 17% du territoire national.
[13] Cfr. Léon DE SAINT MOULIN, art. déjà cité.
[14] Ibid.
[15] Ibid.
[16] Ibid.
[17] Lire BANGA Bila, B, Histoire des migrations et l’organisation politique et administrative, 1876 à 1960, Mémoire de Licenc e, IPN, Kinshasa, 1987.

[18] HONORE VINCK est l’auteur un ouvrage intitulé A l’école au Congo Belge,un livre de lecture de 1935. Texte Intégral, SD, SL. Dans cet ouvrage l’auteur parle plus des Mongo que des Ngombe et d’autres peuples. On y aussi trouve les fables et contes qui sont presque communs à l’ensemble de bantous de l’Equateur voire d’autres provinces mais avec quelques nuances non très significatives.
[19] Ibid.
[20] Cf. BANGA Bila étude déjà citée

[21] Cf. Une opinion qui est très répandue dans les milieux Ngombe d’antan. Il faut cette façon de voir les choses et surtout d’y évoquer avait causé beaucoup trop des problèmes d’exclusion des Ngombe au régime pendant le Deuxième République car régime des anciens fils des travailleurs des colons belges dans les milieux Ngombe.
[22] Les grands chefs guerriers, en l’occurrence les Ndjano, Melo, Simba, Libenge et Kuluki n’ont pas seulement donné leurs noms à leurs descendants mais aussi à de nombreux quartiers et avenues dans des grandes de la République Démocratique du Congo.
[23] Léon De Saint Moulin, « De l’ethnie à la Nation », In Afriquespoir , numero 13, Janvier- Mars.
[24] Cf. MANGAPA Kongi, Interview réalisée à Kinshasa, le 31 Octobre 2005. Cette hiérarchisation que nous propose MANGAPA est basée sur ses connaissances de fils de petit fils d’un chef coutumier Ngombe.
[25] Ibid.
[26] Il faut signaler L. de Saint MOULIN classe aussi la langue des Ngombe parmi les langues dites bantoues. Lire les travaux de MOTINGEA Mangulu qui a beaucoup écrit sur les langues bantoues de l’Equateur. L’ensemble de ses recherches est logé dans le www.aequatoria.be/BiblioMotingea.html.
[27] Il y a d’ailleurs un dicton qui semble les encourager à la consommation de l’alcool. Ils disent : « Mwa kamana oyebe ngondo, obalé ngando ji lungubani nawe », « Bois la boisson, tu vas pénétrer le monde au-dedans de toi-même, et tu seras libre de dire à tes proches tout du mal qui ronge sous l’ivresse ».


[28] Lire Jean-Chrétien D. N. EKAMBO qui dans son article sur « La problématique des anciennes technologies de la communication (ATC) africaines dans l'espace communicationnel contemporain, » où après avoir étudié sur le terrain le fonctionnement de la "radio-trottoir", il s'est par la suite intéressé plus particulièrement à la dimension de "compétence communicationnelle" relevant de l'ontologie humaine C’est ici qu’il parle de la pirogue Ngombe comme un élément capital dans l’étude des anciennes technologies de la communication. Mise en ligne : avril 2001, http : //w3.u-grenoble3.fr/les –enjeux/2001/ Ekambo/Note1-Ekambo htm.

[29] Cf. ABANGA Bila déjà cité.
[30] Nous nous référons à la sélection de fables rassemblés par HONORE VINCK pour la simple raison que dans ces fables sont aussi contenues dans la mémoire du peuple Ngombe.
[31] Ibid.
[32] Ibid.
[33] Ibid.
[34] Ibid.
[35] Il faut dire que la sève de cet arbre servait à démasquer les menteurs et les sorciers qui voulaient pas révéler la vérité.
[36] Ibid.
[37] Ibid.
[38] Ibid.
[39] Ibid.
[40] Ibid.
[41] Ibid.
[42] Ibid.
[43] Par cette expression nous faisons allusion aux Ngombe de grandes villes. Ceux qui le sont par la naissance des parents Ngombe mains n’ont rien de leur culture comme ces quelques articulations exposées dans cet essai.
[44] Cf. MEME Dingadie Monger, cours déjà cité.
[45] Ibid.
[46] Ibid.
[47] Ibid.
[48] Ibid.
[49] Ibid.
[50] Ibid.
[51] Ibid.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de lire avec ma maman le travail magnifique que vous avez effectué. Nous voulons vous remercier pour la richesse d'information que vous nous avez apporté!!! Maman est est Ngombe-Lisala (bosomelo) du côté de son papa et elle se prénomme MANGENZA et nous faisions un travail de recherche sur ses origine et nous sommes tombés par hasard sur cette page.
Que Dieu vous bénisse.

Melle Médard L.

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Melle Médard L.

Jim Nzonguma Mayua a dit…

Cher Maurice, Je suis content de votre travail sur le peuple Ngombe qui est un peuple qui a bcp contribue au development de la culture Ngala et plus precisement de la langue Lingala. Cpdt, j'aimerais porter ma contribution a cette ouvre, dans votre expose vous aviez mentionner leur lieu de location tout en oubliant le bosobolo qui constitue si pas le premier alors le second territoire ou l'on trouve un plus grand nombre de Ngombe, et precisement au nord Ubangi. J'aimerais que vous consulter le site de l'association iso na iso vous aurez plus d'informations sur ca. Cpdt je vous remercie pour votre recherche qui est tres riche. Jim nzonguma Mayua , Cape Town

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